Article rédigé par Xavier Bobbia
Nous reprenons notre veille scientifique avec un article Nîmois de Genre Grandpierre et al publié dans la revue Plos One cette année. L’article porte sur l’intérêt de l’échoguidage dans la réalisation du Gaz du sang artériel radial (GDSA) difficile aux urgences.
Résumé de l’article :
Objectif : L’échoguidage n’avait pas encore prouvé son utilité dans la ponction de GDSA radial. L’objectif principal de l’étude était de comparer le nombre de succès à la première tentative (NSPT) pour la ponction artérielle radiale chez des patients difficiles avec ou sans échoguidage. Les objectifs secondaires étaient de comparer le nombre de ponctions (NP), le temps de ponction et la douleur du patient.
Méthodes : Étude monocentrique randomisée. Les patients étaient jugés difficiles si les artères radiales n’étaient pas palpables ou si un(e) infirmier(e) avait piqué deux fois sans succès. Le patient était alors piqué avec ou sans échographie par un médecin urgentiste expérimenté.
Résultats : 36 patients ont été inclus dans le groupe échoguidage et 37 dans le groupe sans échoguidage. Le NSPT était de 7 (19%) dans le groupe sans échoguidage vs 19 (53%) dans le groupe échoguidage (risque relatif de réussite 2,79 IC95 % [1,34 à 5,82], p = 0,01). Dans le groupe sans échoguidage le NP médian était de 3 [2 ; 6] vs 1[ 1 ; 2] dans le groupe échoguidage (différence estimée -2,0 IC95% [-3,4 ; -0,6], p < 0,01). Le temps de ponction était 3,1 [1,6 ; 5,4] vs 1.4 [0,6 ; 3,1] min respectivement dans le groupe avec et sans échoguidage (différence estimée -1,45 IC95 % [-2,57 ; -0,39], p = 0,01). Enfin, la douleur médiane du patient était de 6 [4 ; 8] vs 2[1 ; 4] respectivement dans le groupe avec et sans échoguidage (différence estimée -4,0 IC95 % [-5,8 ; -2,3] ,p < 0,01).
Conclusion : L’échoguidage par un médecin qualifié améliore considérablement le taux de réussite chez les patients qui ont des GDSA radiale difficile. L’échoguidage améliore également le nombre de ponction, le temps de réalisation et la douleur ressentie par le patient.
Pourquoi cet article est important :
- Parce que la ponction de GDSA radial est un acte fréquent dans les services d’urgences français ;
- Parce que le taux de GDSA radial difficile n’est pas anodin (environ 10%) et expose à une perte de temps par les soignants et plus de douleur pour le patient ;
Perspectives :
A une époque où l’on veut diminuer la charge de travail médical en donnant plus de compétences aux infirmiers, certaines techniques de l’échographie clinique en médecine d’urgence (ECMU) vont devoir être déléguées aux IDEs. La même étude réalisée par des infirmiers formés devra être réalisée.
En attendant, ne laissez pas vos infirmiers démunis avec des GDSA difficiles : piquez sous échoguidage !
Accès à l’article : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6426205/
Catégories :Echoguidage/interventionnel, Veille Bibliographique