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Échographie clinique d’urgence et dyspnée : Zanobetti et al. Chest 2017

Échographie clinique d’urgence et dyspnée : Zanobetti et al. Chest 2017

 

Quoi de mieux pour débuter cette page que l’article publié dans Chest en 2017 par Zanobetti et al !

 

Résumé de l’article :

Méthodes : Des patients adultes consécutifs admis pour dyspnée ont été prospectivement inclus après l’évaluation à l’accueil dans un service d’urgence. Deux médecins ont indépendamment évalué le patient : un n’a réalisé qu’une échographie clinique pulmonaire, cardiaque et de la veine cave inférieure, l’autre a pris en charge le patient de manière standard (à la discrétion du médecin : biologie, radiologie, scanner etc…). Le temps nécessaire à chaque médecin pour établir un diagnostic étiologique a été comparé. La pertinence diagnostique de chaque méthode et la concordance entre les deux ont été calculés. Le gold standard était le diagnostic final évalué par deux experts.

Résultats : 2 683 patients ont été inclus. Le temps moyen nécessaire pour établir le diagnostic avec l’échographie était significativement inférieur à la prise en charge standard (24 ±10 min vs 186 ±72 min; p =  0,025). La concordance diagnostique globale entre les deux était bonne (k = 0,71). Il n’y avait pas de différences statistiquement significative de précision diagnostique entre les deux méthodes pour le diagnostic de syndrome coronarien aigu, pneumopathie, pleurésie, épanchement péricardique, pneumothorax et les autres causes de dyspnée. La méthode échographique était significativement plus sensible pour le diagnostic d’insuffisance cardiaque, alors que la méthode standard l’était plus pour les diagnostics de BPCO, asthme et embolie pulmonaire.

Conclusion : L’évaluation d’un patient dyspnéique par échographie clinique semble réalisable et fiable en permettant une réduction du délai diagnostic. Ce protocole pourrait aider à sélectionner les patients qui devraient subir une évaluation plus poussée.

 

Pourquoi cet article est important :

  • Parce qu’il semble être applicable dans nos services d’urgences (validité externe) : 3h en moyenne pour proposer un diagnostic chez un patient dyspnéique.
  • Parce qu’il montre qu’il y a une bonne concordance entre une méthode qui prend 24 min et mobilise un médecin et un échographe et une autre qui prends 3h et qui mobilise tout ce qui va avec notre prise en charge habituelle.
  • Parce que nos urgences continuellement surchargées devront, dans l’avenir, faire de plus en plus de tri et que ce n’est pas en faisant une biologie + une radiologie et/ou un scanner à tous les patients que nous y parviendrons ! Et nous pourrions également parler de coût ou d’irradiation….
  • La solution proposée par nos ainés était de faire plus confiance en notre examen clinique. C’est le challenge que nous pouvons relever en améliorant notre pertinence diagnostique grâce à l’échographie clinique.

 

Perspectives :

Cette étude devra être suivie (et nous faisons confiance aux italiens) par une étude interventionnelle dans laquelle les patients dont le diagnostic échographique sera clair pour une pathologie où on sait la technique pertinente (probablement toutes sauf asthme/BPCO et embolie pulmonaire) n’auront pas d’autre examens diagnostics. Cette étude doit être faite avec des critères de jugements de morbi-mortalité.

 

En attendant échographiez tous vos patients dyspnéiques : ça marche !

Zanobetti et al. Chest. 2017 Jun;151(6):1295-1301.

1 réponse »

  1. Un grand merci pour la diffusion de cet article qui montre une nouvelle fois la pertinence de ce formidable outil.

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